UC 2013: Les nouveautés d'ArcGIS 10.2

Après un premier article de synthèse sur la vision actuelle d'Esri concernant l'évolution des Systèmes d'Information Géographique, je vous ai proposé un second résumé consacré aux évolutions de la plateforme ArcGIS en version 10.2. A quelques jours de la sortie de la version française, je termine cette série de retours sur la User Conference Esri 2013 avec un focus sur quelques unes des nouveautés fonctionnelles marquantes d'ArcGIS 10.2. Cet article est peu long, je m'en excuse par avance :-)

Qualité et performance

L'axe de la qualité et de la performance est une préoccupation importante pour Esri et la version 10.2 continue de progresser en stabilité avec plus de 600 corrections apportées. 

En terme de performance, dans la version précédente d'ArcGIS (10.1), Esri avait introduit l'exécution des outils de géotraitement en 64 bits et une première série d'outils d'interpolation (kriging, IDW, raster pyramids, ...)  exploitant le parallel processing afin d'exploiter de manière optimum jusqu'à 4 cœurs en parallèle. En version 10.2, cette liste s'étend à une série d'outils de Spatial Analyst comme Reclassify, Weighed Overlay, Weighed Sum, Zonal Statistics, ...

Sous Linux, des optimisations au niveau des accès entrée/sortie sur les fichiers ont également permis en moyenne de gagner 25% de performance sur l'exécution des géotraitements sur cette plateforme. Vous pourrez apprécier ces gains notamment si vous utilisez ArcGIS for Server sur des serveurs Linux pour servir des géotraitements à vos utilisateurs Desktop, Web ou Mobile.

Sécurité

ArcGIS étant une plateforme composée de technologies clientes et serveurs qui doivent s'intégrer dans le système d'information de l'entreprise et donc implémenter les standard de sécurisation qui en découle. Ainsi, la version 10.2 d'ArcGIS est capable d'intégrer les certificats délivrés dans les infrastructures à clé publics (PKI). 

En implémentant également le mécanisme de Single Sign-on, les utilisateurs ArcGIS Desktop peuvent désormais transmettre automatiquement leur informations d'identification (issues de Windows Active Directory ou d'un annuaire LDAP, par exemple) lorsqu'il accède aux portails et aux services d'ArcGIS Online. Ceci est également vrai pour l'accès aux serveurs internes de l'organisation (Portal for ArcGIS et ArcGIS for Server).

Autre évolution dans le domaine de la sécurité, les administrateurs d'ArcGIS for Server peuvent désormais activer des contraintes plus strictes sur les clauses utilisables via les opérations de type Query SQL des services web. En activant l'analyseur "Standard SQL", seules les clauses SQL répondant à ce standard de sécurité peuvent être utilisées empêchant ainsi les attaques par injection de code.

  

Geodata

La version 10.2 d'ArcGIS marque un nouveau pas dans l'ouverture de la plateforme ArcGIS à de nouveaux système de gestion de base de données. 

C'est tout d'abord le support de la plateforme de stockage et d'analyse de Big Data Teradata à laquelle vous pouvez vous connecter et dans laquelles vous allez désormais pouvoir gérer, consulter et analyser des couches de données spatiales (simple features), via le type spatial ST_Geometry. 

ArcGIS 10.2 introduit également le support des bases de données SQLite en fournissant un type spatial ST_Geometry pour y créer, mettre à jour, analyser, visualiser,...  des données spatiales. SQLite est une base de données très légère avec très peu d'adhérences au système d'exploitation, ce qui en fait une base de données très portable (Linux, Windows, MacOS, iOS, Android, ...). Aucune installation de SQLite n'est nécessaire, ArcGIS contient les librairies nécessaire pour travailler avec ce type de base de données, une fonction ArcPy est disponible pour permettre la création "from scratch" d'une base de données SQLite avec ce type spatial.

On notera également le support de la version 9.2 de PostgreSQL pour implémenter des Géodatabases Enterprise.

Avant la version 10.2, pour publier un Feature Service via ArcGIS for Server basé sur un des SGBD supporté par ArcGIS (Oracle, SQLServer, DB2, PostgreSQL, ...) celui-ci devait contenir une structure de Géodatabase. Désormais, vous pouvez publier un Feature Service (en consultation et en mise à jour) à partir d'une simple base de données spatiales (contenant des tables avec une colonne spatiale).

On notera aussi la possibilité en 10.2 de publier des services ArcGIS for Server contenant des données basées sur des connexions OLE DB. Dans ce cas, vous aurez le choix entre la copie des données sur le serveur SIG ou d'enregistrer la connexion auprès d'ArcGIS for Server pour éviter la duplication de la source de données. 

Enfin, une évolution attendue de tous les utilisateurs de Géodatabases Enterprise, la version 10.2 permet de modifier certaines propriétés des champs directement à partir d'ArcGIS (la liste des propriétés est variable selon les contraintes des SGBD respectifs). 

Outils d'analyse et géotraitements

16 nouveaux outils font leur apparition en version 10.2 et 74 outils ont été améliorés ou complétés de nouveaux paramètres. On pourra citer notamment de nouveaux outils liés à la gestion des Mosaic Dataset, au mécanisme d'historisation sur les tables des Géodatabases ou encore à la 3D.

Une autre nouveauté très attendue, sur dans ArcGIS for Desktop, deux outils de conversion: "Table to Excel" et "Excel to Table" permettant l'export et l'import direct vers le format XLS (et non pas CSV).

On signalera également deux autres outils de conversions qui seront probablement utiles aux développeurs d'application: "Features To JSON" et "JSON To Features" en permettant l'import et l'export d'entités (géométrie+attributs) via le format JSON. Générique et simple, ce format de sérialisation de données peut facilement constituer un format pour l'échange de classe d'entités.

A chaque version d'ArcGIS, Esri complète la palette d'outils statistiques en essayant de les rendre les plus accessible. C'est le cas de ce nouvel outil "Optimized Hot Spot Analysis" permettant de déterminer, à partir de points ou de polygones pondérés, les zones de regroupement statistiques de valeurs fortes (hot spots) et de valeurs faibles (cold spots) en exploitant la méthode statistique Getis-Ord Gi. Bien que la méthode soit mathématiquement assez complexe, l'outil détermine automatiquement les paramètres optimum pour permettre un usage par des non statisticiens. CEt outil est disponible sans extension et pour toute les éditions d'ArcGIS (Basoc, Standard et Advance)

Cartographie et Rapports

L'outil d'export PDF a été amélioré en version 10.2 avec des export plus rapide et des documents PDF moins volumineux, en particulier pour les cas de cartes complexes comme celles faisant appel aux masquages de couches à partir d'entités.

Les outils de généralisation ont également été améliorés avec de nouvelles options sur des outils comme l'outil de généralisation de bâtiments "Delineate Built-Up Areas".

On pourra signaler également des évolutions sur les fonctions de création de rapports comme par exemple un nouveau modèle de publication d'étiquettes.

SIG 3D

Depuis la version 10.1, Esri avance rapidement dans le domaine de la 3D. La version 10.2 et les versions qui suivront dans quelques mois vont apporter de nombreuses innovations notamment en terme de publication de données 3D sur le Web.

Une ville virtuelle 3D modélisée avec CityEngine et affichée dans ArcGlobe

En 10.1, les utilisateurs pouvaient exporter sur leur portail ArcGIS Online, leurs scènes 3D conçues avec l'application CityEngine. Ces scènes web 3D sont ainsi consultables au travers d'un Viewer 3D dans un navigateur web. Basé sur la technologie WebGL, ce Viewer 3D ne nécessite pas de plug-in. Depuis la version 10.2, les applications ArcGlobe et ArcScene peuvent également exporter les globes et les scènes 3D sur leur portail web (ArcGIS Online ou Portal for ArcGIS) et ainsi permettre leur diffusion au travers simple navigateur web.

En 10.2, le moteur de règles et de modélisation 3D de CityEngine arrive dans les application ArcGlobe et ArcScene. Ainsi, l'utilisateur peut représenter ses données 2D en 3D en leur appliquant des règles de rendu 3D conçues avec CityEngine. Très similaire à la notion de règle de représentation cartographique les Rule Packages de CityEngine 2013 peuvent facilement être appliquées à une couche 2D pour la transformer à la volée en couche de Multipatch texturés ou non (des bâtiments par exemple). Impressionnant de facilité et très dynamique, le GeoDesign en 3D à portée de main !

Un dernier point que l'on peut noter, lorsque vous calculez des statistiques sur un jeu de données LIDAR, un fichier *.lasx est désormais créé pour chaque fichier LAS ce qui améliore de manière significative les performances d'affichage, en particulier si vous dépassez 500 Mo de fichiers ou si ces derniers sont accédés à partir d'un disque réseau.

Imagerie, caches et données raster

Définitivement, ArcGIS est une plateforme dédié à la gestion et au traitement des données d'imagerie, et la version 10.2 poursuit les évolutions entamées par Esri depuis la version 10.

Jusqu'à maintenant, l'outil de recherche d'ArcGIS for Desktop permettait de faire des recherches en utilisant les métadonnées saisies par l'administrateur des données. En 10.2, la recherche exploite aussi automatiquement toutes les métadonnées natives des images (celles-ci dépendent de leur source et de leur format).

La version 10.2 introduit le support natif de 3 nouveaux type de données raster: DMCii, Pleiades et SPOT 6. Un plug-in (gratuit) est également disponible pour permettre le support dans ARcGIS 10.2 d'une série de satellites Chinois (HJ, ZY02C et ZY3).

3 nouveaux outils de géotraitements font leur apparition pour:
- agréger plusieurs Mosaic Dataset en un seul
- extraire certains éléments d'un Mosaic Dataset existant vers un nouveau Mosaic Dataset
- calculer automatiquement les poids optimum lors de l'affichage d'un raster en pan-sharpening

Une nouvelle fonction "Local Function" a été ajoutée dans Spatial Analyst pour réaliser des calculs pixel par pixel de type bitwise, conditionnel, logique, mathématique et statistique.

Dans ArcGIS fo Server, un nouveau service de supervision des calculs de cache (CachingControllers) permet de gérer les tâches de calculs de cache. Il permet notamment aux administrateurs de limiter le nombre de tâches simultanées exécutant des calculs de cache en gérant un fil d'attente le cas échéant.

On notera enfin une évolution intéressante pour publier un service tuilé sur ArcGIS Online. Plutôt que de faire calculer votre cache sur la plateforme ArcGIS Online, vous pouvez calculer ce cache (en Tile Package) sur votre serveur ArcGIS puis le télécharger sur la plateforme ArcGIS Online. Un service tuilé sera automatiquement créé à partir de votre Tile Package.

Publication de services et Portail

Exemple de portail ArcGIS

La version 10.2 marque l'arrivée de la solution Portal for ArcGIS en tant qu'extension incluse dans ArcGIS for Server Advanced. Celle-ci correspond à la technologie de portail ArcGIS Online mais  que vous installez sur les serveurs de votre organisation. Couplé à votre serveur SIG, Portal for ArcGIS propose les mêmes fonctionnalités qu'ArcGIS Online:
- référencement de ressources (documents, cartes, services, données, outils, ...),
- gestion d'utilisateurs et de groupes, 

- partage et gestion de droits d'accès aux ressources,

- recherche de ressources, 

- publication de services, 

- conception de cartes web, 

- personnalisation du look-and-feel,

- création d'applications web à partir de modèles,
- .... 

Exemple de portail ArcGIS hébergé dans mon organisation (avec Portal for ArcGIS)

Ainsi, les utilisateurs d'ArcGIS for Desktop (et tous les autres clients du système ArcGIS) peuvent désormais se connecter et exploiter les ressources exposés sur le portail de leur organisation. Ceci qu'il s'agisse indifféremment d'ArcGIS Online ou de Portal for ArcGIS. De la même manière ils peuvent (si il en ont le droit) publier des services web (de cartes, de géotraitements, ...) directement sur leur portail qu'il s'agisse d'ArcGIS Online ou de Portal for ArcGIS.

Définition de ses portails favoris (ArcGIS Online ou Portal for ArcGIS) dans l'Administrateur Desktop pour les utiliser dans vos applications ArcGIS

Autres évolutions

Les Map Package (*.mpk) peuvent désormais stocker les diagrammes de schématique générés grâce à l'extension ArcGIS Schematics. Cette évolution veut dire qu'à partie d'ArcGIS 10.2, lorsque vous créez un Map Package à partir d'un document référençant ce type de diagramme, ils sont inclus automatiquement dans le fichier *.mpk.

Comme c'est souvent le cas à chaque nouvelle version d'ArcGIS, la version 10.2 supporte une nouvelle version des fichiers DWG AutoCAD 2013 (version 19). Comme pour les versions plus anciennes, ArcGIs accède toujours directement aux fichiers DWG et propose différents workflows pour intégrer ces données dans une base de données SIG structurée (Géodatabase).

Enfin, le dernier point que je voulait évoquer concerne la compatibilité des versions 10.1 et 10.2. Comme c'est le cas depuis déjà quelques années, les documents 10.1 et 10.2 sont totalement compatibles dans les deux sens. Concrètement, cela veut dire qu'un document ArcMap 10.2 peut être ouvert et modifié par un ArcMap 10.1... et inversement.


Tous ces points, et bien d'autres notamment autour des APIs et SDKs ArcGIS (non évoqués dans cet article), seront repris dans les prochaines semaines dans arcOrama. Les nouveautés d'ArcGIS 10.2 seront également détaillées lors de la Conférence Francophone Esri (SIG2013) les 2 et 3 octobre prochains à Versailles.